
Créer son jardin rêvé : renaître à soi après l’hiver
Il y a eu cet hiver…
Silencieux, dense, traversé de chagrins et d’effondrements.
Deux pertes brutales, une épreuve intime, et cette sensation d’un monde intérieur qui vacille.
Et puis, une voix — claire, tranchante — qui dit simplement :
« Stop, c’est fini. »
L’ignorer aurait été une forme de mort intérieure.
Alors j’ai écouté.
J’ai accepté de laisser mourir ce qui devait mourir.
Apprendre à mourir pour se libérer
Je vivais encore dans la peur : peur d’échouer, peur de perdre.
Mais au fond, il n’y avait rien à perdre, sinon moi-même.
Apprendre à poser des choix, même douloureux, avec bienveillance et amour,
c’est cela aussi, renaître.
La tristesse s’était installée, sournoise, comme cette fable de la grenouille :
« Si l’on plonge une grenouille dans l’eau froide et qu’on la chauffe lentement,
elle s’endort sans voir venir la brûlure. »
J’étais devenue cette grenouille — engourdie, piégée par mes propres émotions.
Le mouvement comme passage
Un matin, au hasard d’un livre d’Olivia Zeitline, cette phrase m’a traversée :
« Quand tu te sens mal, mets-toi en mouvement. »
Cette idée, simple et vraie, m’a rappelé tout ce que j’expérimente et transmets en thérapie stratégique :
le mouvement crée la transformation.
Changer, ce n’est pas simplement agir autrement ;
c’est ressentir autrement, percevoir autrement.
Les émotions, lorsqu’elles sont accueillies et non combattues, deviennent des alliées.
Elles ouvrent un nouvel espace à l’intérieur.
L’alchimie du printemps
De la tristesse à la colère, puis à la paix.
J’ai compris que la colère pouvait être une énergie de vie,
qu’elle pouvait s’exprimer sans détruire.
Et en la traversant, une lumière s’est rallumée.
« Ils sont venus à la maison, ils croyaient avoir tout volé,
mais ils ont oublié la lune. »
— Maître Zen
Cette phrase m’a rappelé que tout peut être perdu, sauf l’essentiel.
Alors, à l’approche du printemps, j’ai commencé à planter de nouvelles graines :
celles du calme, de la présence, de la gratitude.
Créer son jardin rêvé
Aujourd’hui, je choisis de nourrir ce jardin intérieur —
celui que l’hiver a préparé en silence.
Créer son jardin rêvé, c’est choisir ce que l’on arrose :
les peurs ou les élans,
les blessures ou la confiance,
les regrets ou la tendresse.
La Vie, toujours, nous guide si nous savons écouter ses signes.
Et parfois, pour s’ouvrir à la lumière, il faut simplement accepter de mourir à l’ancien.
Claire Tanne
Psychopraticienne en thérapie brève systémique – Briançon
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Véronique
27 avril 2018 at 10 h 26 minBonjour Claire,
Tu écris magnifiquement bien et j’aime beaucoup te lire + la photo qui est superbe.
Je souhaite que ce renouveau te porte et te fasse déployer tes ailes.
Je suis moi aussi à un tournant avec encore un déménagement dans 2 mois et de nombreux changements en septembre prochain mais en attendant, je profite de l’instant présent.
Je t’embrasse,
Véronique
Claire Bailliez
28 avril 2018 at 3 h 46 minBonjour Véronique merci pour ton message. Où partez vous cette fois? J’imagine que ces changements à venir ne doivent pas être simple à gérer. Tu garderas ton activité? En tout les cas, je te souhaite comme tu le dis, de vivre pleinement chaque instant présent surtout pendant ces grands changements! s’ancrer pour mieux avancer! Je t’embrasse et au plaisir d’avoir de tes nouvelles.
Jean Christophe MERIAU
1 mai 2018 at 22 h 26 minMerci pour ton beau témoignage habité et éclairé sur le cheminement personnel vécu. Les repères indiqués pour cheminer m’éclairent pour ma propre pratique de vie intérieure.
La photo que tu as choisie est magnifique pour illustrer « le jardin rêvé » à inscrire dans la réalité du quotidien et en toute saison.
J’ai compris dernièrement que les émotions font partie de notre vie. Elles ne sont pas à refouler car elles reviennent toujours et avec plus de force. Comme tu l’indiques, elles ne doivent pas nous envahir et diminuer, ou anéantir, notre action pour aller de l’avant.
Ta proposition de thérapie stratégique me parle et montre que les émotions peuvent aussi nous aider à rebondir pour reprendre l’action pour son bien-être, aimant et bienveillant.
Je confirme que cela me demande acceptation de soi, de l’entraînement à la prise de conscience de mon état intérieur. Cela se fait avec du temps et de la persévérance pour installer le changement. Car, comme pour le sportif, les progrès ne sont pas toujours présents après les premières séances d’entraînement.
Merci et bonne culture de ton propre jardin intérieur pour « cueillir les belles surprises à venir ».
Jean Christophe
Claire Bailliez
2 mai 2018 at 6 h 51 minBonjour Jean-Christophe,
Merci pour ton partage et je suis ravie de voir que tu avances sur ce chemin. Les émotions ne sont pas à combattre, effectivement. D’ailleurs la médecine traditionnelle chinoise l’avait bien compris en ne les considérant pas comme pathologique. Au contraire, elles consituent des modifications normales de l’activité de l’Esprit et participent à son adaptation au réel. Car le réel en soi n’est ni triste, ni joyeux, ni inquiétant, ni révoltant. C’est nous qui le ressentons comme tel. Ainsi nous teintons notre monde de la charge émotionnelle que l’on projette. Et ainsi notre esprit et notre description du réel sont définis par un a priori, d’ordre émotionnel.
Belle continuation à toi. Bises
Florence
4 mai 2018 at 16 h 12 minChère Claire,
Je te remercie de dévoiler l’intensité de ces moments qui semblent une éternité quand on les vit pleinement. Tes mots posés ont fait écho au départ de mon père de coeur. J’ai appris à accueillir pleinement ce par quoi je passais mentalement, physiquement, émotionnellement et aussi spirituellement. Je me le suis autorisée surtout. Ces semaines recroquevillées dans la tristesse m’ont permis d’aller au fond du puits de mes sens. J’ai été étonnée – et je le suis encore à ce jour – d’en avoir appris autant sur moi.
De chaleureuses pensées et de belles lumières cheminent vers Toi.
Florence
Claire Bailliez
7 mai 2018 at 9 h 56 minBonjour Florence, Merci pour tes mots. Effectivement, ils paraissent une éternité quand on les vit pleinement et …quelle gratitude ensuite pour leurs précieux enseignements. De tout mon coeur, je t’envoie mes plus douces pensées. Claire